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Vie de femme
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Vie de femme
25 septembre 2006

Mon langage

Parler, s'exprimer, se raconter. Choisir des mots, ses mots ou ceux des autres, imiter, copier, plagier. Décrire un évènement, une situation. Se confier, se livrer, se mettre à nu par des mots, choisis, identifiés comme étant ceux qui correspondent au mieux à ce que l'on veut exprimer. Y ajouter des adjectifs précis, pour être sûre que l'autre reçoive le message. Mais quelle certitude avons-nous sur ce que l'autre ressent à la lecture de nos phrases ? Nous essayons d'être précis mais ces précisions ne sont-elles là que par rapport à nos propres doutes ou pour être en harmonie avec ceux qui nous lisent ou nous écoutent.

Le langage est une "manière de s'exprimer, soit par rapport aux mots qu'on emploie, soit par rapport au sens. Langage figuré, allégorique, mystique, poétique, orné, affecté, fleuri, pompeux. Langage obscur, incorrect. Poème écrit en beau langage, en vieux langage. La pureté, la correction du langage. Vous me tenez là un étrange langage. Je n'entends point ce langage. Le langage de la passion. Composer son langage."

Wittgens"Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde."
  Ludwig Wittgenstein Extrait de Tractatus logico-philosophicus

Cette citation de Wittgenstein dont j'ai tenté de lire le fameurx TLP (merci W ;-) m'a plongée dans un abîme de réflexion (ce n'est d'ailleurs pas la seule citation de ce livre qui m'a émoustillée, ébouriffée devrais-je dire). Mon langage, mon propre langage n'est pas suffisant pour décrire mon propre monde, est-ce à dire que mon monde serait cloisonné par mon langage ? Parce que mes mots ne suffisent pas ? Biensûr en bonne égocentrique j'ai ramenée cette citation à mon égo parce que j'y trouve une certaine vérité lorsque je l'applique à moi-même. Je rajouterais même que les limites de mon langage sont les limites de mon savoir ou de l'acquisition d'un autre savoir, celui où le langage utilisé est différent. 

Je suis victime de mes propres limites...parce que je n'ai pas donné au langage toute l'importance qu'il devrait avoir. Je suis exclue, je me sens rejetée d'un monde que je frôle sans pouvoir y accéder parce qu'il m'arrive de ne pas comprendre le langage de l'autre, trop loin de ce qu'il m'est donné d'appréhender parce que ce n'est pas mon langage, parce que je ne comprends pas un mot sur cinq.

Il m'arrive assez souvent de ne pas intervenir à l'oral ou par écrit parce que je sens que mon niveau maximum est atteint et que je n'apporterais rien à l'édifice. Tout ce savoir que je n'ai pas, qui m'arrive de toutes parts, que j'aurais envie de comprendre, de connaître, dont j'essaie de m'abreuver chaque jour, me renvoie à mes propres connaissances et je m'enfonce au lieu de m'élever.

J'ai l'impression qu'il y a deux mondes, celui où l'on parle le langage de base et celui où l'on s'"exprime bien", celui où le langage utilisé s'adresse à une élite. Entre ces deux mondes, un autre monde, celui de ceux qui essaient d'aller plus loin, de comprendre et ceux qui les ignorent parce qu'ils ne s'expriment pas comme eux. Et puis il y a aussi ceux qui comprennent et qui essaient de tirer vers eux les paumés du langage. Ici, ton langage c'est toi... Voila tout le danger de la blogosphère. On fait fi de la personne, on fond devant ses mots... mais il se peut que celui ou celle qui se cache derrière son langage ne soit pas celui ou celle que l'on croit.  Il y a toutefois des choses rassurantes :

la première ce sont ces citations :
"Le langage n'exprime pas tout de l'homme. La pensée verbale n'est peut-être pas la forme essentielle et ultime de l'intelligence humaine." Sir Alister Hardy
et encore :
"La philosophie est une lutte contre la manière dont le langage ensorcelle notre intelligence." Ludwig Wittgenstein

La seconde c'est que finalement l'image véhiculée par le seul langage des blogs (verbale) ne représente qu'une infime partie de notre image réelle et de notre personnalité.

Je reste persuadée que le monde de la toile ne remplacera jamais de belles rencontres. C'est peut-être là la clé de mon tourment, cette authenticité qui manque à la personne jugée et classifiée simplement par rapport à sa seule expression verbale.

langage

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Commentaires
C
Petit coucou à toi aussi ;-)))
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C
En communication tu as fait ce que l'on appelle une restitution en bonne et due forme. C'est exactement ce que je voulais exprimer mais en beaucoup moins brouillon. Cela ne me surprend pas de toi. Finalement, tu as un esprit très cartésien ;-)). <br /> L'écrit est un langage dur car il n'y a que le ton que le lecteur peut lui donner qui peut être totalement différent de celui que l'auteur donnerait en lisant son écrit. C'est un peu pour cela, qu'ici les petits smileys me parraissent indispensables pour dire je t'écris et je souris ;-).
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N
Juste un petit "bonjour" en passant ...<br /> A +
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P
Dans ton billet tu mets en évidences plusieurs limites du langage:<br /> <br /> - Celles de l'expression, qui font que ce que tu as à dire sera plus ou moins précisément exprimé, donc plus ou moins fidèlement "capté" par l'interlocuteur.<br /> <br /> - celles de la compréhension, qui suivent l'étape précédente : comprendre le sens de ce qui est émis par l'autre. Donc disposer d'un vocabulaire suffisant pour bien restituer la précision voulue.<br /> <br /> - celles du sens précis que chacun donne subjectivement aux mots. Ils ne sont pas neutres, ni universels. Beaucoup de mots sont "colorés" et personnalisés sans que l'on en ait toujours conscience. Et ce autant par celui qui parle que par celui qui écoute.<br /> <br /> - l'exclusion éventuelle ressentie lors d'une inadéquation entre le mode de langage de deux interlocuteurs. Exclusion dont on peut aussi se demander si elle n'est pas voulue par ceux qui disposent d'un savoir à visée élitiste...<br /> <br /> - il y a aussi la limite récemment évoquée par Coumarine: même en parlant beaucoup (sur les blogs, par exemple), on ne donne que très peu de soi. Le langage reste abstrait et complexe. Il demande du temps d'élaboration et de compréhension, même si ça semble se passer en microsecondes. Par écrit c'est évidemment encore bien plus lent. On est donc obligé de simplifier et de laisser une part à l'imagination de l'interlocuteur.<br /> <br /> - enfin il reste ce qui est montré par le graphique, où il apparait toute l'importance du non-verbal, largement supérieure aux seuls mots...<br /> <br /> Tout ça donne beaucoup de raisons pour mal de comprendre ;o)
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V
Je ne sais pas comment prendre ton com Alainx... <br /> <br /> "Il n’est pas toujours facile de suivre les arcanes alambiquées du style lacanien. D’après lui, la discipline linguistique tient « dans le moment constituant de l’algorythme S/s, signifiant sur signifié, le sur répondant à la barre qui en sépare les deux étapes ». ;-)<br /> <br /> Je comprends mieux pourquoi je n'ai rien compris en revanche j'ai tout compris de l'explication ci-dessous de Jérôme Coudurier-Abaléa dans un cours de philosophie pour terminales (Ba vi !) :<br /> La totalité ici : <br /> http://lelabyrinthe.over-blog.net/article-3906345.html
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