Silences en fusion
Je ne parviens plus à me livrer, à me délivrer sur ce blog. Je ne parviens plus à m'exprimer, à faire surgir mes sentiments profonds, mes douleurs, mes dommages colatéraux. J'ai plus envie de vomir que de dire. Comme pour me libérer de ce qui fait mal au ventre. Mais ce n'est pas aussi facile.
A la naissance de ce journal, il était fermé durant des mois aux lecteurs et puis je me suis dis pourquoi pas, pourquoi ne pas l'ouvrir et recueillir des avis, des conseils de personnes inconnues, neutres, totalement neutres.
Aujourd'hui, je reste devant l'écran blanc, ne sachant qu'écrire, alors que la fusion ne cesse à l'intérieur. Pas de volcan en vue qui me permettrait de m'épencher, je suis seule, si seule face à tout ce que je ressens. Je suis seule face à ma vie de femme, je suis seule face à ma vie de mère et j'assume seule, la tête pleine, la bouche vide de mots.
Quelle femme suis-je ? Quelle mère ? Je ne sais plus, je m'interroge sur un passé auquel je ne peux plus rien. Ai-je bien agit ? Ai-je fait ce qu'il fallait ? Pour mes filles, pour moi ? Non, j'ai l'impression d'avoir tout fait de travers, d'avoir joué sur deux tableaux, celui de ma vie de femme et celui de ma vie de mère alors que peut-être je n'aurais du jouer que sur le principal, ma vie de mère.
Aujourd'hui je ne sais plus, je n'ai plus de certitudes, je ne sais pas où je vais ni où je veux aller. Comment avancer, lorsqu'on ne sait pas vers qui, vers quoi ? Je n'ai envie de rien, rester là, attendre qu'un déclic m'ouvre une porte. Comment avancer sans objectifs ? Et comment choisir ces objectifs lorsque rien ne se dessine à l'horizon.
Lorsqu'on est deux, on peut se projeter, avoir des projets d'avenir, construire une vie à deux même chacun chez soi. Ne serait-ce que l'objectif d'une belle soirée lorsqu'on en a envie, ou d'un voyage, ou d'une promenade ou d'une activité nouvelle que l'autre propose et que l'on découvre. Echanger, s'enrichir de l'autre, porter ou se laisser porter, selon le moment, selon son désir. Poser sa tête sur une épaule, sentir la peau de l'autre toute proche, blottir sa tête et s'oublier un instant. Mais même sur ce plan là, je n'ai plus envie d'aller vers l'inconnu. Je vais de déception en déception de ne pas être comprise, entendue. Je ne suis plus capable d'aimer, ni de donner ma confiance alors je me mure, je me calfeutre, je ne regarde pas, je n'écoute pas, je ne me laisse pas séduire, je suis un iceberg englouti à plus de 80% sous des eaux glacées.
D'aucuns me diront, inscris toi dans une assoc et fait le bien autour de toi... Une assoc ? Oui, j'ai pensé à cela aussi mais ce serait encore priver mes filles de leur mère. Il faut être dispo pour une assoc et je ne le suis pas suffisamment, j'ai besoin de les voir, de leur parler. J'ai trop de chose en tête en ce moment pour pouvoir aider les autres, j'ai peut-être besoin qu'on m'aide plus que je ne peux aider.
J'espère de tout coeur que mon projet de formation va aboutir. J'ai bon espoir mais en même temps je refuserais toutes propositions de formation qui ne correspondraient pas à ce que je veux. C'est ma seule certitude aujoud'hui et je m'y accroche. Je sais ce que je veux et j'espère que mes hiérarchiques sauront me donner leur confiance.
Je dois encore me battre contre cet avocat et je ne sais plus quoi dire, quoi faire, pour que la batonnière saisie plaide en notre faveur. J'ai bien peur que ce soit perdu d'avance. Un avocat qui reçoit plus que les victimes d'un procès vous trouvez cela normal ? Moi non... Ce n'est pas lui qui a perdu son père, ce n'est pas lui qui a souffert durant des années, ce n'est pas lui qui a recherché durant deux mois les documents qui nous ont permis de gagner en appel. Alors je vais me battre. Mais je suis fatiguée des lettres recommandées, des articles à fouiner pour trouver le mot ou la phrase plaidant en notre faveur.
Mener tout cela de front est peut-être trop pour une seule femme, mère, fille, comptable, "juriste", chef de famille... tout cela à la fois....responsable, responsable de tout jusqu'au bouts des ongles...
et ma vie de femme dans tout ça ? Le néant total... l'oubli, la démission...
Et voila, il me suffit d'une dispute avec blondinette, pour que je ressasse ma vie de mère. Parce que les enfants savent très bien ou sont les points faibles et adorent les titiller quitte à vous anéantir de reproches mal formulés, inintelligents, inintelligibles, à ne pas voir le bon mais ne voir que le mauvais. Oubliant tout ce qu'on a fait de bien et se posant comme victime de leur propre vie. Tout leur est dû même le sacrifice de sa vie. Cela me rappelle cette araignée qui porte ses petits sur son dos et les nourris de sa propre chair jusqu'à ce qu'ils la quittent laissant derrière eux un cadavre... brrrrrrr ça fait froid dans le dos... Je ne suis pas et ne serais jamais cette araignée... Ai-je raison ? Je ne sais pas... je n'en ai pas envie...