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Vie de femme
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Vie de femme
10 février 2009

Soirée imprévue

Je n'ai toujours pas de voiture. La pièce devait arriver aujourd'hui mais comme souvent... elle n'était pas là... Le nombre de lapins que peut vous poser un garagiste est pire que ceux poser par un amoureux... faux amoureux d'ailleurs :)

Ce soir, donc, j'ai appelé mon frère, celui qui vient de perdre sa petite femme chérie, sa petite malade depuis dix ans. Je lui ai demandé s'il pouvait venir me récupérer à mon bureau. Il vient de se faire opérer de la thyroïde et a perdu un peu sa voix. N'y connaissant rien à l'affaire, j'essaie quand même de le rassurer sur le fait que ce problème est passagé. Il est donc passé me chercher et après s'être arrêté à la maison pour boire un petit verre entourés des amours de ma blondinette, j'ai nommé Shelsy et Luna, il me propose une sortie au resto... Malgré mes kilos en trop que je porte comme une croix chaque jour, j'ai accepté car j'ai senti qu'une petite sortie avec sa petite soeur lui ferait du bien.

Je ne suis pas bavarde mais pour le coup je me suis forcée afin qu'il parle le moins possible pour reposer sa voix. J'ai parlé de mon travail... il n'y a qu'avec lui et mon autre frère (c'est étonnant quand même !) que je peux le faire, il semble être le seul à comprendre à peu près de quoi je cause et finalement c'était une bonne chose. Cela m'a fait du bien et lui, n'a émis que quelques mots approbateurs ou réprobateurs.

Il va bien... je l'ai trouvé très bien. Il m'a confié ne plus être angoissé comme il l'était avant. Il a trouvé une sérénité au milieu de son chagrin d'avoir perdu celle qu'il aimait, sa complice, sa confidente, son intime... Pierre dans son dernier billet parle du couple. J'avais avec eux, l'exemple même de ce que cela pouvait être et que je n'ai que très peu connu pour ma part finalement. On voit la valeur d'un couple dans les tourments qu'il traverse. Si la colle ne cède pas à ce moment là c'est qu'elle ne cédera jamais. Il faut quand même que je précise que mon frère a été un mari exceptionnel...

Il m'a confié avoir passé une agréable soirée. Je lui ai dit qu'il fallait maintenant qu'il apprenne à vivre pour lui, chacun, nous avons la notre à vivre, à continuer malgré tout. Savoir apprécier chaque instant en hommage à ceux qui n'ont pas eu cette chance. Il était d'accord, il a envie de vivre sa vie comme le lui a dit H, avant de le quitter. "Vis, la vie est trop précieuse pour qu'on la délaisse. Refais ta vie, ne reste pas seul si je te laisse un jour...". Des mots ancrés dans sa tête et dans sa vie et qui lui permettent, malgré tout, de rester serein. Il l'aimait, elle l'aimait, il a tout fait pour elle avant qu'elle ne nous quitte, voilà le secret de sa sérénité. Il n'a rien à se reprocher, rien qu'il ne puisse regretter... et il en récolte aujourd'hui les fruits... la SERENITE d'avoir toujours été présent, de ne jamais l'avoir abandonnée, d'avoir fait tout ce qu'un mari pouvait faire sauf d'échanger leur place... On est seul face à la maladie, face à la mort. Quoique l'autre fasse ou dise, on est toujours seul dans sa tête, seul dans son corps. On ne peut échanger, on ne peut passer son temps à se plaindre de ce que l'autre ne vit pas, ne comprendra peut-être pas... On est dans son monde comme ELLE était dans le sien. Mon frère l'a accompagnée durant de longues années.

Je suis contente car j'ai réussi à lui donner le gout de la peinture au couteau un soir où il est venu chez moi. Je lui ai donné des tubes et des couteaux, une image, une toile vierge, et je lui a dit, allez, lance toi, la toile est à toi fais en ce que bon te semble... Nous avons passé quelques heures très sympas, à ne penser à rien d'autre qu'à nos couleurs. Le jaune, le bleu, le vert... ajouter un peu de blanc ici et là et puis tout effacer parce que ça ne ressemble à rien... et puis recommencer...

Dans la semaine, nous allons lui acheter quelques tubes et des accessoires pour qu'il puisse s'y mettre seul chez lui. J'ai hâte de le voir à l'oeuvre, il est doué pour le dessin, c'est un perfectionniste et je suis sûre qu'il va y laisser des heures et des heures... C'est une bonne chose, c'est sa vie qui commence....

Quant à moi... la vie passe. J'apprécie de plus en plus ma liberté de vivre, de penser. Ma liberté d'être, sans containtes liées au regard de l'autre. C'est bon de se laisser aller quelquefois, de n'avoir pas de scrupules à ne pas s'habiller durant une journée entière, de rester vautrée sur le canapé, de se faire tous les feuilletons les plus nuls de l'après-midi, de se poser sur son PC, de regarder la pluie tomber dehors et de se glisser sous la couette avec un bouquin en se disant...avec une certaine satisfaction... pfffffff fait pas beau pour sortir... la belle excuse !... :o)...

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Commentaires
C
@Kalouette, merci pour tes mots. <br /> @marijo : Merci aussi. Oui, comme tu le dis, c'est très difficile de trouver la personne avec qui la vie devient belle et facile. Où un simple regard suffit à comprendre l'autre. Mon frère et ma belle-soeur ont eu cette chance. La maladie ne les a pas séparés mais, au contraire, unis dans la bataille.
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M
Ah c est bien que tu apprécies ta liberté<br /> trouver l alter ego comme ton frère l avais trouvé<br /> très très diffcile<br /> je lui souhaite de retrouver le gout de vivre<br /> et tu es une soeur merveilleuse pour ça
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K
difficile de ne pas dire une banalité après la lecture d'un tel billet ... juste que vous m'avez émue et que je vous souhaite à tous les deux l'apaisement de votre chagrin
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